Nous devons le rap aux interprètes, aux beatmakers, mais également aux managers. L’un de ces hommes de l’ombre contribue au rayonnement du rap français depuis presque vingt ans, Oumar Samaké.
Sa carrière dans le management commence avec Pit Baccardi, rappeur anciennement membre du Secteur Ä.
Mais Oumar Samaké voit grand, et ne souhaite pas se contenter du management de rappeurs.
En 2007, il fonde Golden Eye Music, qui est décomposé d’une partie éditions pour les beatmakers (Blastar, Cannibal Smith et Richie Beats) et une partie label avec la production de la compilation We Made It où paraissent Mac Tyer, Rim’K ou encore Fianso.
Oumar Samaké a centré, dans un premier temps, sa structure sur les beatmakers ; cette stratégie lui a permis de se forger un réseau large de contacts. Effectivement, le management d’un beatmaker l’a poussé à travailler avec un panel d’artistes élargi, qui lui a permis de garnir son carnet d’adresses.
Ce rythme de travail peut cependant vite être éreintant, et le jeune manager finit par se lasser de décrocher le téléphone toutes les cinq minutes pour des embrouilles entre beatmakers.
Il explique en interview que ses collaborations avec les rappeurs lui ont permis de lâcher du lest, car sont plus autonomes dans leur travail.
Six ans plus tard, en 2013, celui que l’on surnomme Oumardinho intègre Def Jam (Universal Music France) en tant que directeur artistique. Mais la route du succès d’Oumar n’est pas sans embûche : il découvre un artiste qui le surprend de par son originalité : Jul. Il tente de convaincre Universal, en vain.
Bien heureusement pour lui, la même année, Golden Eye Music prospère : il travaille sur les projets de trois rappeurs méconnus du grand public à l’époque, Dinos, Joke (nouvellement Ateyaba) et Dosseh.
En 2015, Oumar se lance à la tête de SPKTAQLR, label qui se veut familial avec une vision bien plus poussée que les traditionnelles machines à Hits. Le label est affilié à Capitol (Universal Music France).
Pourtant, son travail a pu faire le sujet de discussions quant à ses confrères, notamment concernant son refus catégorique d’amener ses artistes au petit écran. Il explique clairement qu’il refuse « d’emmener ses artistes au casse-pipe », et dénonce le racisme là où la télévision n’accueille pas tous les artistes de la même façon.
Ce travail acharné finit par porter ses fruits lorsque l’album de Dosseh, VIDALO$$A sort en 2018, qui sera certifié disque de platine avec son hit Habitué.
L’année 2019 marque la consécration pour Oumar qui assure désormais le management de Lacrim, grosse tête du rap français.
Pour lui, son parcours ne reflète en rien de la chance. D’ailleurs, il explique que la chance n’a que peu sa place dans ce milieu. La chance appartient au buzz, et donc à l’éphémère. Lui, il préfère un parcours plus lent, mais où l’artiste se trouve artistiquement et puisse proposer un succès cohérent avec son potentiel.
C’est ici qu’on peut constater qu’il s’agit d’un manager d’artistes, mais également d’un leader dans l’influence rap, un vecteur de mouvements. Sa vocation n’est pas de finir sa carrière en gérant des artistes de variété, mais de faire progresser le rap et défendre cette culture.
Momsii, rappeur ayant signé chez SPKTAQLR il y a de ça trois ans, explique par ailleurs que Oumar est très souvent présent au studio et l’incite à rester patient afin de s’affirmer en tant qu’artiste. Il ajoute que contrairement à beaucoup de professionnels travaillant dans ce milieu, on sent qu’il ne veut pas que ses artistes connaissent un buzz d’un mois.
Nous pouvons donc comprendre que la carrière d’Oumardinho est loin d’être terminée ; le manager est un homme de challenge, qui se complait à prendre un artiste inconnu du grand public et de le pousser en tête de Charts, en revivant l’euphorie des débuts.
Comment conclure cet article autrement que par le meilleur conseil qu’Oumar Samaké a pu donner à ses artistes ?
Ce n’est pas parce que tu sais tout faire que tu dois tout faire. Il faut identifier tes points forts et aller vers ce qui te correspond le plus.
Oumar Samaké